Extraits des
Mémoires
de la Shahbanou d’Iran
pages 45-46
A travers ces récits épiques, où le courage et la force le disputent à la morale, Le Livre des Rois transmet aux jeunes Iraniens le respect de leur identité millénaire. C'est l'un de ses desseins et, dans l'Iran de mon enfance, comme depuis toujours, des conteurs parcouraient la campagne, allant de village en village pour dire et chanter l'oeuvre de Ferdowsi. L'autre ambition du Livre des Rois est de servir à l'éducation politique et morale des monarques eux-mêmes. « Quand tu auras écrit ce Livre des Rois, écrit Ferdowsi, donne-le aux Rois. » Car, pour Ferdowsi, la grandeur de l'Iran est intimement liée à la permanence de la monarchie, ou à sa renaissance si elle vient à déchoir ou à disparaître.
C'est ce qui a fait dire à l'universitaire Joseph Santa-Croce, enseignant à Téhéran au début de mon mariage, que « le destin de l'Iran semble fortement lié au Livre des Rois ». « Au cours des siècles, on l'a vu, écrit-il dans un de ses commentaires, de nouvelles dynasties apparaissent : elles restituent au pays son indépendance, restaurent sa langue, enrichissent à nouveau la civilisation universelle. Il ne paraît ni léger ni vain d'estimer que ces renaissances successives prennent leur origine dans l'oeuvre de Ferdowsi qui éclaire de grandes figures royales. »
Pour les Iraniens des années 50, la dynastie Pahlavi, qui a succédé en 1925 à la dynastie Qâjâr, s'inscrit en effet dans la logique du livre prophétique de Ferdowsi.
