L'Impératrice Farah et sa petite fille Iman
Leur grand moment d'émotion
Point de Vue n° 3457
semaine du 22 au 28 octobre 2014
Par Nathalie Lourau et Raphaël Morata
Photos de David Atlan
Interviews de la Shahbanou d’Iran Sa Majesté l’Impératrice Farah PAHLAVI
Point de Vue n° 3304 du 16 nov. 2011 L’Impératrice Farah présente la Princesse Iryana
Point de Vue n° 3404 du 16 oct. 2013 Les 75 ans de l'Impératrice Farah
Point de Vue n° 3457 du 22 oct. 2014 "Point de Vue, c'est l'album photo de notre famille"
Articles
Point de Vue n° 3260 du 12 janvier 2011 Farah, la douleur d'une mère
Point de Vue n° 3334 du 13 juin 2012 Les Paradis Perdus du Prince Cyrus Pahlavi
Nathalie LOURAU
directrice déléguée de la rédaction de Point de Vue,
a dirigé pendant plus de 20 ans le service photos,
cœur névralgique
de ce pictures magazine.
Des mariages royaux les plus emblématiques
aux couronnements fastueux,
de scoops en grands reportages,
elle est l’œil de lynx d’un
Point de Vue glamour et percutant..
Raphaël MORATA
rédacteur en chef Magazine
de Point de Vue,
travaille au sein de la rédaction depuis 1992.
Historien de formation,
grand connaisseur
de la famille royale espagnole,
spécialiste de l'art contemporain et de la photographie,
il est l'auteur des ouvrages
La Franc-Maçonnerie.
Le Secret des objets et
Quand Doisneau était l'œil de Point de Vue.
"Point de Vue,
c'est l'album photo
de notre famille"
À l'occasion de la sortie du livre commémorant les 70 ans de notre revue, la Shahbanou qui en a assuré la préface, nous reçoit pour une revue de presse intime et personnelle. Et ce, sous le regard de sa petite-fille Iman, une princesse émue et émerveillée.
Editorial
d'Adélaïde de Clermont-Tonnerre
[…]
Cette semaine, Point de Vue vous emmène dans un passionnant voyage historique avec l'Impératrice Farah, dont le destin hors norme et la dignité face aux épreuves ne peuvent que susciter l'admiration. Avec la Princesse Iman, sa petite-fille - et avec émotion -, la Shahbanou revisite, au fil des pages de notre magazine, l'Iran et les décennies les plus marquantes de sa vie.
Vous admirerez aussi les fastes de l'Empire perse avec notre cadeau spécial : un fac-similé rare, souvenir de l'inoubliable mariage de l'impératrice que suit le reportage extraordinaire réalisé, pour Point de Vue, par Henri Cartier-Bresson.
[…]
Mais la plus grande nouvelle du mois reste la parution du formidable ouvrage anniversaire de nos 70 ans. Nathalie Lourau et Raphaël Morata ont amoureusement extrait de plus de 3700 numéros, le meilleur de votre magazine préféré. Les plus légendaires princesses, les plus grandes stars, les plus éminents artistes, les plus belles fêtes, les plus grands moments de notre histoire, tout y est ! En découvrant ce beau livre truffé de surprises, et à défaut de prendre un billet d'avion, laissez délicieusement voguer votre mémoire… et votre imagination.
Lentement, très délicatement, comme si elle tournait les pages d'un incunable, l'Impératrice Farah feuillette un Point de Vue-Images du Monde dont elle a fait la couverture. Sur la table basse de son salon, des dizaines d'anciens exemplaires aux couleurs de la nostalgie tout droit sortis des archives de la revue.
A ses côtés, la ravissante Princesse Iman, de passage à Paris, découvre fascinée tous ces incroyables reportages consacrés à sa grand-mère et plus largement à la dynastie des Pahlavi.
« J'ai insisté pour qu'elle soit là. Je voulais lui montrer tous ces articles. Car Point de Vue, c'est l'album photo de notre famille », déclare la Shahbanou.
Se penchant vers sa petite-fille qui esquisse un sourire presque gêné, la souveraine lui glisse à l'oreille : «Comme le temps passe... »
Cette confidence fait écho à sa préface de l'ouvrage commémorant les 70 ans de la revue, Point de Vue, trésors d'archives :
«J'ai toujours apprécié l'éthique de ses journalistes qui concilient avec adresse la rigueur, la sincérité et l'intransigeance. Et ceci dès la première fois que j'ai feuilleté le magazine, ce qui remonte à plus d'un demi-siècle !»
Inévitablement, leurs regards se posent sur la une du 25 décembre 1959, celle du «Mariage de Farah Diba ».
Une couverture digne des Mille et Une Nuits, avec son cadre, un brin kitsch, à motifs orientaux. L'Impératrice s'amuse en commentant les images des préparatifs où les sœurs Maria et Rosy Carita lui préparent sa coiffure.
Dans le numéro du 3 novembre 1967 intitulé : « L’album du sacre », Farah découvre Marc Bohan réglant les derniers détails de la robe qu’il a dessinée pour la maison Dior ou encore Pierre Arpels inspectant minutieusement les pierres précieuses de la mythique couronne.
Puis l’Impératrice déplie les pages du journal, face à elle, une immense photo du Prince Reza d'Iran publiée en format à l'italienne. « Regarde Iman, c'est ton père. Comme il est sérieux et sage ! Et pourtant la cérémonie était très longue pour un enfant de son âge. » La Princesse lit alors la légende sous l’image de son père : « Comme il semble lourd le poids des 2 500 ans de la Monarchie perse sur les frêles épaules d'un Prince héritier âgé de 7 ans. »
D'un numéro à l'autre... Souvent sans rien dire, avec retenue et pudeur, l'Impératrice s'arrête sur des images de son époux. Elle confie enfin : «Après mon mariage avec le Shah d'Iran, Point de Vue a couvert les moments importants et heureux de notre vie. Comme ceux plus tristes et douloureux. Après la Révolution islamique, la revue a continué de publier de nombreux reportages sur notre famille. Depuis ces trente-cinq dernières années, j'ai mesuré à quel point le journal s'attachait à rendre compte de la situation avec précision et professionnalisme. »
Mais plutôt que les sujets graves, l'Impératrice préfère s'attarder sur des détails cocasses. La veste en tricot qu'elle portait, alors « petite étudiante des Beaux-Arts », pour sa première apparition en couverture de Point de Vue, le 30 octobre 1959.
Les photos de ski nautique avec le Shah sur la «Riviera persane» ...
Ou encore les entretiens avec les reporters de Point de Vue au palais de Niavaran « décoré par ses soins ».
Devant un tableau d'écolier, le prince Reza d'Iran est, selon le magazine, « le meilleur élève en français bien qu'il écrive de la main gauche ».
L'Impératrice revient aussi sur des reportages plus récents comme celui consacré à l'île de Batz en Bretagne qui a donné son nom à l'une de ses plus belles plages. « C'était l'été 1957. J'y étais venue en vacances lorsque j'étais étudiante en architecture. Je me souviens des pêches aux bigorneaux et des grandes marées que je découvrais pour la première fois de ma vie. »
8 pages de fac-similé
A l'occasion de la sortie de Trésors d'archives, Point de Vue publie des extraits des reportages consacrés au mariage de Farah Diba (Point de Vue, 25 décembre 1959) et à la Perse vue par leur envoyé spécial Henri Cartier-Bresson (25 janvier 1951).
Dans le salon de son appartement parisien, la Shahbanou fait découvrir à sa petite-fille Iman, le numéro spécial de Point de Vue-Images du Monde du 3 novembre 1967 consacré à son couronnement. La jeune Princesse, amusée, s'arrête longuement sur la photographie (ci-dessous) montrant son père, le Prince Reza d'Iran, âgé de 7 ans, lors de la cérémonie.
Grâce à la lecture du Point de Vue- Images du Monde, daté du 3 novembre 1967, la Shahbanou revit l'émouvante journée de son couronnement. Une cérémonie que l'on retrouve dans le chapitre intitulé : «Quand Farah devint Impératrice d'Iran» dans l'ouvrage Point de Vue, trésors d'archives.
Point de Vue devient une incroyable madeleine de Proust. Un «délicieux» à rebours qui s'achève par un détail très féminin. L'Impératrice s'aperçoit au fil des pages qu'elle portait souvent des tenues à motif léopard. « Brigitte Bardot m'avait pourtant demandé de ne plus porter des tissus de ce genre », confie-t-elle en découvrant amusée sa ceinture dont l'imprimé rappelle... la peau du grand fauve. •
Point de vue, trésors d'archives,
de Nathalie Lourau et Raphaël Morata,
préface de S. M. Farah Pahlavi
et avant-propos de Stéphane Bern,
Chêne, 224 pages, 300 illustrations, 45 euros.
En 1949, le Shah de Perse fut blessé par un individu ayant réussi à pénétrer dans le palais du souverain en se présentant comme photographe de presse [Note du Mémorial des Rois: information totalement erronée quant au lieu, puisque l'attentat fut perpétré lors d'une cérémonie à l'université de Téhéran, et non point au Palais].
Depuis, des précautions extraordinaires sont prises pour empêcher le renouvellement d'un pareil attentat et des patrouilles parcourent constamment les parcs royaux.
C'est à titre tout à fait exceptionnel que l'envoyé spécial de Point de Vue-Images du Monde, Henri Cartier-Bresson, eut le grand honneur d'être admis à pénétrer dans les résidences impériales et à y prendre des photographies. Certains clichés, comme ceux des joyaux de la couronne, enfermés dans les coffres de le banque Melli (banque d'Etat), à Téhéran, et très jalousement gardés, n'avaient jamais été publiés avant ce reportage.
