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Mémorial des Rois,
section  perse                          
Interview de la Shahbanou d’Iran Sa Majesté l’Impératrice Farah PAHLAVI

Propos recueillis par Jean DESAUNOIS
alias Jean-Jacques BRUGES (décédé le 23 mai 2011),
membre du comité d'honneur du Mémorial des Rois

Point de Vue n°3143
semaine du 15 au 21 octobre 2008

C'est dans un quartier résidentiel de la capitale française que l'impératrice a choisi d'acquérir, il y a quelques années déjà, cet appartement en duplex dans lequel elle a recréé un environnement persan. Quelques très beaux tableaux de l'époque Kadjar, des bronzes du Lorestan, des objets hérités de sa mère, et quelques cadeaux de compatriotes en exil. Dans le salon de réception, de nombreuses photos, des portraits dédicacés de souverains ou présidents, régnants ou disparus. À côté du président Sadate et du roi Baudouin, on reconnaît l'actuel souverain marocain, Mohamed VI, le roi d'Espagne, Juan Carlos, son fils, le prince Felipe en compagnie de son épouse, la princesse Letizia, le roi Abdallah de Jordanie et d'autres personnalités dont l'amitié n'a jamais fait défaut aux Pahlavi en exil.

Certains visages « me font toujours mal, soupire l'impératrice. Ils me rappellent des blessures qui resteront ouvertes à jamais: la disparition de mon époux, le Shah Mohamad Reza et la fin prématurée de ma fille Leila ».


Majesté, le 14 octobre, vous ayez fêté vos 70 ans. De quelle manière?

Mon âge a peu d'importance, bien que ce soit un âge symbolique. À part un dîner en famille, ma seule préoccupation a été, comme tous les jours d'ailleurs, la situation tragique de mes compatriotes : les femmes iraniennes humiliées, insultées, fouettées, lapidées. Le drame des jeunes en désespérance qui s'adonnent à la drogue et à la prostitution. Les exécutions sommaires. L'oppression des intellectuels. Enfin, le comportement irresponsable du gouvernement islamique qui pourrait entraîner une catastrophe au Moyen Orient.
Les femmes iraniennes sont brimées dans leur pays, mais elles se distinguent sur le plan international…
[…] Je citerai encore Maryam Sanati, qui vient d'être nommée rédactrice en chef du plus important magazine féminin du Canada, Châtelaine. Dès lors, comment ne pas être scandalisé quand une certaine Zahra Shojai affirme que « la lapidation est une nécessité pour conserver la sanctuarisation de la famille ». Ou lorsqu'une jeune fille de 17 ans attend en prison l'heure de la pendaison, à laquelle elle a été condamnée pour avoir résisté à un religieux qui la poursuivait de ses assiduités.


A quelques semaines près, votre anniversaire a marqué également votre 30e année d'exil. Vous aviez 40 ans lorsqu'il a commencé. Quelques mois plus tard, votre époux, le Shah d'Iran. mourait au Caire des suites d'un cancer. En 2001, votre plus jeune fille, la princesse Leila, est morte tragiquement. Comment avez-vous trouver la force de survivre à ces drames?

On peut perdre des êtres chers, son pays, sa position, mais il faut garder courage et espoir. L'un et l'autre ne m'ont jamais manqué. Il ne faut jamais se plaindre de son sort, mais au contraire, trouver les moyens de s'en sortir. J'ai toujours trouvé ce courage, cette énergie dans l'affection de mes enfants, de mes petites-filles, de mes amis, dans le soutien de mes compatriotes vivant en exil ou en Iran. Je reçois des courriels d'encouragement, souvent très touchants, de compatriotes qui ont aujourd'hui 30 ans et n'ont donc pas connu la monarchie. Lorsqu'ils me donnent leurs coordonnées, il m'arrive de leur téléphoner. Je reste discrète pour leur sécurité, mais cependant ils me reconnaissent.


Vous avez acheté il y a quelques années une maison à Washington, près de celle de votre fils. Aujourd'hui, vous vous trouvez à Paris... Vous vous rendez fréquemment au Caire. Où préférez-vous vivre?

Ce mélange de trois continents me convient parfaitement. En réalité, même si je ne peux actuellement m'y rendre, ni y séjourner, mon coeur et ma vie sont en Iran. Je ne veux pas m'enraciner ailleurs.
Aux États-Unis, je jouis d'une sorte d'anonymat qui m'apporte une liberté que j'apprécie. Mais à Paris, j'ai de nombreux amis que j'ai plaisir à rencontrer, et la vie culturelle y est plus intense. D'autres souvenirs plus douloureux m'attachent à la capitale française. Ma fille, Leila, et aussi ma mère sont enterrées au cimetière de Passy. Paris m'oblige aussi à me rappeler que si l'âge apporte la sagesse, le cours du temps entraîne la disparition d'êtres chers : Maurice Béjart et, plus récemment, Yves Saint Laurent. J'ai assisté aux obsèques de ce dernier. Sa disparition m'a beaucoup attristée et j'ai souhaité dire à M. Pierre Bergé la part que je prenais à sa peine. Je connaissais M. Saint Laurent depuis très longtemps. C'est lui qui avait créé pour moi les robes que je portais lors des deux événements qui sont venus bouleverser mon existence de jeune étudiante anonyme: ma robe de fiançailles et ma robe de mariée. C'était un très grand artiste et j'avais pour lui beaucoup d'admiration et aussi de l'amitié.


Vos deux petites-filles aînées, les princesses Noor et Iman, sont aujourd'hui des adolescentes. Elles s'interrogent sur leur avenir ?

Noor a 16 ans et Iman 14. Elles sont princesses d'Iran et princesses de mon coeur. Elles sont tout mon bonheur. Quand elles sont là, mes soucis et mes chagrins s'envolent. Nous parlons souvent du futur, mais il est trop tôt pour qu'elles sachent ce qu'elles veulent faire. Disons que ce sont des jeunes filles qui bénéficient de la meilleure éducation et sont au courant de ce qui se passe dans le monde. Elles parlent couramment le persan, l'anglais et le français et appréhendent avec talent toutes les nouvelles technologies. Elles continuent à recevoir une culture iranienne. Nous sommes très attachés à notre histoire et à nos traditions. Nous célébrons les fêtes et cérémonies liées à nos racines.


Aujourd'hui, leur père, qui est votre fils aîné et l'actuel prétendant à la couronne, a trois filles. Or, la constitution monarchique en vigueur autrefois réserve la succession aux fils. Ne craignez-vous pas que cette absence d'héritier mâle soit un empêchement à une restauration du régime monarchique en Iran ?

Notre première préoccupation est de libérer l'Iran de ce régime qui l'opprime. Si, après cela, les Iraniens pensent que le meilleur régime pour le pays est une monarchie constitutionnelle, les lois de succession au trône peuvent être modifiées au profit d'une femme, comme cela s'est fait dans d'autres pays. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau dans notre histoire. Nous avons connu des souveraines régnantes dans d'autres dynasties. J'ai été nommée régente lors de mon couronnement, en 1967. C'était pour le Shah une manifestation symbolique de l'indispensable émancipation féminine. Reza Shah, le père de mon mari, avait institué l'école pour les filles, du primaire à l'université. Mon époux leur a apporté les mêmes libertés que celles dont bénéficient depuis si longtemps les femmes occidentales.
Interviews de la Shahbanou d’Iran Sa Majesté l’Impératrice Farah PAHLAVI

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