Parmi toutes les amatrices de pierres dont vous brossez le portrait, l'une vous a-t-elle touché en particulier ?
J'ai été très ému par les petits bibelots et les souvenirs de Nina Dyer, qui s'est suicidée : ses clefs de voiture plaquées or avec des pierres précieuses, ses fume-cigarettes, sa médaille gravée d'un petit message très personnel de son ex-mari, le baron Thyssen.
Dans votre introduction, vous parlez de « gold gotha ». Qu'est-ce ?
J'ai emprunté ce titre à un livre de José Luis de Vilallonga. Un bijou, c'est souvent un roman, d'amour ou de sang, entre naissance et résurrection.
L'ADN d'un bijou ne se réduit pas à son nombre de carats...
Un joyau, c'est une histoire. Une transmission. Un cadeau. Une rupture. Une vente. Une psychologie. Quand le sentiment arrive dans le trésor, il entre dans la légende ! J'aime imaginer Aristote Onassis réglant ses intrigues amoureuses, de Maria Callas à Jackie Kennedy, dans le huis clos des bureaux Van Cleef & Arpels. Ou encore le prince de Galles achetant en cachette à Paris, en 1934 et 1935, des bijoux pour Wallis Simpson qui n'était pas encore divorcée... En étudiant les commandes passées je comprends mieux, aujourd'hui, les liens entre membres de familles royales. Les cadeaux somptueux faits à la princesse Lilian de Réthy par son mari, le roi Léopold, puis par son beau-fils, le roi Baudouin, sont, en ce sens, de véritables témoignages.
Certaines familles royales commandent-elles toujours des bijoux chez Van Cleef & Arpels ?
Sans commentaire !