Quelques années auparavant, Ali Reza a fait parler de lui dans les gazettes européennes. En 1946, il a épousé à Paris une jeune Française, Christiane Cholewsky. De leur union est né, en 1947, un fils, Patrick Ali Pahlavi. Le mariage n'a pas duré. Ali Reza est rentré en Iran et a repris son rang à la Cour. Son mariage avec une Iranienne est une priorité dynastique et politique. Tout comme la naissance d'un enfant mâle pour le Shah et son épouse Soraya. Ali Reza, volontiers rebelle avec ce frère aîné qui l'agace un peu, s'est permis une petite insolence en ce jour de fête. Il n'est pas venu et s'est fait excuser en invoquant une partie de chasse dans le nord du pays. Le lendemain, 25 octobre 1954 [Note du Mémorial des Rois, le 27], la famille impériale effondrée apprend sa mort violente. Son avion qui rentrait vers Téhéran, la partie de chasse achevée, s'est écrasé dans les montagnes qui entourent la capitale iranienne. Cette disparition marque le premier pas du processus qui conduira au divorce du Shah et de Soraya. Incapable de donner une descendance à son époux et au pays, la jeune femme sera contrainte de se retirer et de quitter le pays en 1958. Un an plus tard, le Shah épousera Farah Diba qui lui donnera quatre enfants, dont un second prince Ali Reza, né en 1966, et qui connaîtra un destin tout aussi triste que celui de son oncle.
Un épisode tragique de plus dans une dynastie qui n'a pas été épargnée par les morts violentes et les exils. Les Pahlavi ont occupé le trône d'Iran de 1925 à 1979. Ils ont donné deux souverains à l'Iran, Reza Shah et Mohammad Reza Shah, dont aucun n'est mort dans son pays.
Le premier est sans doute celui qui a le plus marqué l'Iran. Grand admirateur d'Atatürk, le leader turc qui a réformé le vieil Empire ottoman, il a utilisé les mêmes méthodes autoritaires pour arracher son peuple au Moyen Age. Abolition du port du voile pour les femmes iraniennes, construction d'hôpitaux, de routes, de ports et de voies ferrées, laïcisation du pays, lutte contre l'influence du clergé chiite, cet homme qui se nourrit de riz et de poulet grillé, et dort quelques heures à peine chaque nuit, a mené tous les combats. Mais c'est son nationalisme ombrageux qui cause sa chute au mois de septembre 1941. Reza Shah ne souhaite pas prendre partie dans la lutte qui oppose les Alliés à l'Allemagne nazie. Il sera déposé à la suite d'un double envahissement de son pays par des troupes d'occupation étrangères: les Anglais au Sud et les Russes au Nord. Envoyé en exil à Madagascar, il mourra à Johannesburg, le 26 juillet 1944, sans avoir revu son pays et son fils aîné qui lui a succédé.
La fin de ce dernier est l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire du XXe siècle. Le 16 janvier 1979, son long règne s'achève dans les premières secousses de la Révolution islamique iranienne. Le monde entier le conspue depuis des mois en lui opposant un «saint homme», un mollah fanatique dont chacun est persuadé qu'il porte les espoirs de la démocratie : l'ayatollah Khomeiny.
Le jour du départ du Shah d'Iran marque le début de sa longue agonie. Tous l'ignorent, mais depuis plus de deux ans, le souverain lutte en secret contre le cancer qui finira par l'emporter. Les étapes de son exil seront un calvaire. Malade, pourchassé de pays en pays, honni par ses alliés d'hier, la France et les Etats-Unis en tête, l'ancien « Roi des Rois» finit par trouver un ultime refuge au Caire où l'accueille le président Sadate. C'est là qu'il meurt le 27 juillet 1980, à l'âge de 61 ans [Note du Mémorial des Rois. Sa Majesté le Shahinshah Aryamehr, Roi des Rois, avait 60 ans et non 61 lorsqu’il s’est éteint].
Six mois auparavant, le 7 décembre 1979, son neveu le Prince Shahriar a été assassiné dans les rues de Paris par un fanatique iranien. [Note du Mémorial des Rois. Non pas un "fanatique iranien", mais un terroriste islamiste chargé de perpétrer un crime d’Etat commandité par le régime terroriste de la chimérique République islamique, proclamée très exactement 250 jours plus tôt].
Un an plus tard, un autre neveu du souverain, le Prince Behzad Pahlavi, mourra en Espagne à l'âge de 33 ans.
Sa sœur Nazak disparaîtra six ans plus tard dans des conditions assez obscures.
LEILA PAHLAVI SUCCOMBE LE 10 JUIN 2001, APRÈS AVOIR LUTTÉ DES ANNÉES CONTRE L'ANOREXIE.
Leila Pahlavi, la plus jeune fille du dernier souverain iranien, succombe le 10 juin 2001, après avoir lutté pendant des années contre l'anorexie. Dix ans après sa mort, la chanteuse Mylène Farmer a choisi de lui dédier l'un des titres de son nouvel album Noir Bleu. Une chanson baptisée Leila. Et c'est ce disque que la Shahbanou avait choisi d'adresser à ses proches avec sa carte de voeux pour cette nouvelle année 2011. C'était quelques jours à peine avant une autre terrible nouvelle.